OBSCURE HANTISME

Notre société se dirige-t-elle, via un rétropédalage en règle, vers un retour à l’obscurantisme moyenâgeux ? Les tribuns religieux (toutes obédiences confondues) n’en finissent plus d’étaler leurs états d’âme (damnées ?) dans les tribunes des journaux et mettent en garde… en garde rapprochée, en garde-chiourme, en garde-malade leurs contemporains, tout asphyxiés qu’ils sont par l’ignorance, la raison anéantie par d’aveugles chimères… Rappelons immédiatement ici que, en France, le pouvoir s’est séparé de l’Église le 9 décembre 1905 et qu’il était, alors, grand temps d’accéder à cette déchirure républicaine. Rappelons également que si, sur ce même territoire, la liberté de culte est un droit dûment énoncé dans l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, la liberté de ne pas croire en est un autre autant plus important, que nos ancêtres ont obtenu au prix fort, à la sueur de leurs tripes, souvent mises à nu par les mêmes loups hurlants dont il est question ici. La question est pourtant d’une déroutante simplicité, en quoi l’union de deux êtres consentants du même sexe, peut-elle s’avérer désastreuse pour la société moderne ?
Au nom de quoi, certains de nos contemporains, estiment-ils légitime de s’exprimer sur des sujets pour lesquels ils ne possèdent aucune qualification, ni argumentation scientifique ? Et ne nous voilons pas la face (sans jeu de mots) ; ceux-là même qui vocifèrent aujourd’hui contre le mariage gay sont les mêmes qui hurlèrent le 26 novembre 1974 lorsque Simone Veil, courageusement, accoucha dans la douleur de son texte de loi sur l’avortement. La ténacité de Madame Veil est aujourd’hui unanimement reconnue et notre société lui doit un pan d’humanité supplémentaire… combien de souffrance et de misère ce texte aura t-il permis d’effacer ? Pour qu’une société avance vers une plus grande humanisation de ses règles, il lui faut laisser les chiens de l’immobilisme aboyer sur le côté de la route pendant le passage de la caravane du progrès de l’humanité. Revenons à notre « gay savoir »… Si nous considérons qu’ils sont des citoyens à part entière, et non cette sorte d’ersatz de seconde zone, comme les considèrent certains excités extrémistes, issus des rangs serrés du « ré-actionnariat » de tout poil… Alors, si nous les considérons - la question se pose-t-elle et par qui ? - comme des citoyens lambda, il est nécessaire de leur accorder le droit de s’unir en nos mairies et faisons en sorte que ce droit soit inaliénable, et non lié au bon vouloir de maires récalcitrants qui sont élus - rappelons-le - pour faire respecter le droit français sur leur territoire. Que va-t-il se passer ? Quelle catastrophe sans frontière va s’abattre sur nos cités ? Aucune… absolument aucune et en voici la raison : L’accession à la famille n’est pas subordonnée aux us et coutumes des protagonistes lorsqu’ils sont dans leur lit. Literie qui - convenons-en - est encore un espace privé où personne n’a à jeter de regard extérieur via l’entrebâillement d’une hypothétique porte… cela s’appelle du voyeurisme et cela est sanctionné par la loi française. En effet, le Code Pénal punit "d'un an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende le fait, au moyen d'un procédé quelconque, de porter volontairement atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui". Dont acte… Non, l’accession à la famille est liée à la capacité des membres du couple à élever dans les règles républicaines des enfants… Soyons plus clairs et plus cru… Un hétérosexuel ayant un fort penchant pour les plaisirs sodomites se voit-il interdire l’accès à la famille ? L’érotisation perpétuelle et perverse du couple homo est un scandale proprement inqualifiable ! À tel point, qu’il a été question de comparer la chèvre et le chou dans cette affaire. Certaines voix occultes, tel l’UOIF (Union des Organisation Islamique de France) qui précise très brillamment que :  "Qui pourra délégitimer la zoophilie, la polyandrie, au nom du sacro-saint amour ? Ne sommes-nous pas en train de suivre une voie où le principe d’égalité ne serait plus défini par des limites et des normes communes, mais par des perceptions personnelles, aussi égoïstes et affectives puissent-elles être ?". Pour ma part - à titre très personnel - j’aurais souhaité entendre de la part des dirigeants de l’UOIF un discours aussi bien senti après les tristes évènements de Toulouse dans ce fait divers plus connu sous le nom d’affaire Merah… Car, appelons un chat, un chat… nous sommes à deux doigts ici d’évoquer le mot de pédophilie ! Les curés ne sont pas en reste ; loin de là… Monseigneur Vingt-Trois parle du "droit des enfants à se construire en référence" à un père et une mère. Poursuivant en expliquant aux idiots que nous sommes, le danger que représenterait un couple homosexuel pour les enfants soumis à leur éducation. Inutile ici de s’étaler sur les déboires que l’Église a rencontré - doit-on vraiment parler au passé ? - sur le sujet de la pédophilie. La ficelle serait trop grossière et reconnaissons bien volontiers ici que tous les prêtres ne sont pas des psychopathes sexuels prédateurs d’enfants… loin s’en faut ! Mais reconnaissons aussi que ce discours sur l’éducation des enfants aurait pu être moins sonore sur un sujet si… glissant. Les enfants justement ! Parlons-en… Ne pouvant objectivement plus pester contre le mariage gay en tant que tel, au risque de passer pour plus rétrogrades encore qu’ils ne le sont déjà, les protagonistes mettent en avant le risque - lequel d’ailleurs ? - encouru par les enfants évoluant dans ces familles différentes. Durant mes études en psychologie clinique, j’ai choisi pour sujet de mémoire en psychopathologie clinique, la maltraitance et ses conséquences à l’âge adulte. Durant mes recherches, j’ai été choqué par des radiographies de membres de nourrissons en fracture ouverte. Ces blessures étaient d’une telle ampleur, qu’il était difficile de comprendre comment le « parent » tortionnaire s’y était pris pour arriver à un tel résultat… Inutile que je précise que les personnes incriminées ici n’étaient pas homosexuelles… Les sévices corporels et/ou psychologiques subis par les enfants dans certaines familles hétérosexuelles sont terribles, épouvantables et suffisamment fréquents pour qu’on puisse les associer à des statistiques documentées, fiables et précises. Les raisons sont multiples et les vecteurs nombreux, mais l’une des raisons principales reste que dans la plupart des cas ces enfants sont non désirés. Leur présence étant mal vécue par l’un des parents - voire les deux - se met alors en place un terrible mécanisme de compensation et l’enfant devient alors le souffre-douleur de ces adultes pour paiement, sonnant et trébuchant, de son existence même… Or, on l’aura compris, ce que réclament les homosexuels est le droit propre à tout individu d’élever des enfants, de combler ce désir viscéral, je parle bien de désir ici… désir d’enfant… enfant désiré… Et de quoi un enfant a-t-il le plus besoin ? Tous les psy (chiatres et chologues) vous le diront : d’être désiré ! Le reste n’est que fioriture, débat d’imbéciles et conclusions d’ignorants. D’autres études ont montré, par exemple, que si l’enfant n’a pas de père, le complexe d’Œdipe, cher à Freud, se met malgré tout en place parce que l’enfant fait un transfert vers un autre membre de la famille, ou tout simplement sur le travail de la mère qu’il prend en grippe… On le voit, pour élever un enfant, tout est question d’écoute, de compréhension et d’interprétation. Il n’y a pas une façon d’élever un enfant, mais autant que la planète compte d’individus et seul compte le résultat : le bonheur de l’enfant… Et naturellement ce bonheur est corrélé au sentiment de se sentir désiré et bien à sa place au sein de la famille, quand bien même cette famille dérive de la norme… Naturellement, les deux protagonistes du couple trouvent leur place au sein de la famille qu’ils soient homos ou hétéros. Il n’est plus rare de voir, de nos jours, certains papas plus proches du rôle de mère et certaine mère, a contrario, endosser le costume de la figure paternelle de l’autorité. Que papa console et cajole… et alors ? Quelle différence cela fait-il ? Aucune, l’enfant y trouve son compte et ses repères. Le même phénomène se rencontre dans les familles où les deux parents sont du même sexe. Les fonctions parentales se partagent naturellement et chacun des deux parents s’installe dans son rôle et s’y tient. Il n’y a donc pas lieu ici de craindre un manque quelconque pour l’enfant qui très vite s’adapte… Pourquoi ? Parce qu’il est désiré… Les enfants qui sortent indemnes d’un divorce sont ceux dont les parents ont su gérer leur séparation dans l’intelligence et le respect de l’autre. La situation devient toujours adaptative lorsque l’enfant a trouvé sa place.. Peu importe la forme, c’est le fond qui domine ici. Plusieurs voix se sont élevées dans les rangs des religions tant musulmanes que catholiques ou protestantes pour contester la vision abrupte de leurs dirigeants. Laissons-les parler plus fort et encourageons-les à se faire entendre plus nettement, ils sont le futur de ces religions. Citons de façon non exhaustive : - Ani Zonneveld - imam de Los Angeles qui a célébré l’union de deux hommes. - Elie Geffray, maire d’Éréac en Bretagne, et également prêtre de l’Église catholique qui soutient le projet de loi sur le mariage pour tous. Qu’eux et les autres soient bénis des Dieux… * 560 psychanalystes pour le mariage gay et l’adoption 560 psychanalystes ont signé une pétition soutenant le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux homosexuels. Selon eux, les enfants de couples homosexuels « n’ont pas de pathologie particulière ».