LIVRE DE NANAS

Le nouveau Pancol caracole en haut des classements de livres, tout format confondu, encore un livre pour nanas ? Un livre de nanas, plutôt…

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Muchachas de Katherine Pancol aurait tout aussi bien pu s’appeler : « Femmes, je vous aime », si un chanteur bêlant et bellâtre n’avait popularisé l’expression voici déjà quelques décennies. Car, comme le signale le topo de l’éditeur — Albin Michel — c’est bien des femmes dont il est question dans ce premier tome de la nouvelle trilogie de l’auteure. Alors que le côté marketing est difficile à masquer — oui, encore une trilogie, après Les yeux jaunes des crocodiles (2006), La valse lente des tortues (2008) et Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (2010) et oui, il s’agit d’une trilogie faisant suite à la première et est donc une sorte d’hexalogie dont on aura du mal à croire qu’elle n’est pas inspirée des 6 millions d’exemplaires vendus de la première.
Katherine Pancol aurait eu l’idée de son roman, assise à une terrasse de café et assistant, malgré elle, à une scène de femme battue par son mari. Et, de facto, le livre tourne autour de ce thème lourd qui s’enroule autour du récit tel un python resserrant ses anneaux sur l’agneau… Tiens, le livre aurait pu également s’appeler ainsi, Les anneaux du python s’enroulent sur l’agneau un soir de pluie sur Brooklyn…

Le nouveau personnage — rappelons qu’il s’agit d’une suite de la première trilogie qui n’en est pas une… — Léonie Valenti, est donc victime de son gros beauf de mari qui est à lui seul une caricature parfois très poussée, voire illuminée, de ce qui peut évoluer dans les foyers français — ou d’ailleurs… Au début de leur histoire, Léonie est éprise et certaine qu’il est l’homme de sa vie, puis très vite, l’ombre de la brute se fait plus prégnante, plus docile…

Léonie ne voyait que Ray et Ray exhibait Léonie. Il relevait sa jupe pour faire admirer ses jambes, ses cuisses, lui pinçait les seins, l’embrassait à pleine bouche devant tout le monde, lui donnait des petites claques sur le derrière en lui ordonnant allez, lapin, fais plaisir à ton homme. Et elle s’asseyait sur ses genoux pour qu’il puisse la peloter à sa guise. Ou elle allait lui chercher une bière. Sans mousse. J’ai dit sans mousse. Et il élevait le ton.

De façon quasi-immuable, le tortionnaire de mari est charmant au début de l’histoire, ici, rien de tel, le con est con dès les prémisses du schéma actantiel. Avec de grandes trouvailles d’auteur, comme cette réflexion qui tombe tel un couperet lorsque l’immonde mari s’énerve dans la nuit, mais que Léonie a l’excuse de devoir rester auprès du berceau de sa fille :
Ce sont des nuits heureuses quand le bébé pleure.

Fille qui subira elle aussi son père, mais qui s’enfuira dès que le temps lui aura donné les forces nécessaires à couper le hideux cordon ombilical qui la retient près de la violence du père… Arrivera-t-elle à extirper sa mère de ce cauchemar quotidien ? Sachez déjà que vous ne le découvrirez pas dans ce premier tome, il faudra patienter et surtout acheter les volumes suivants que l’éditeur annonce être très vite mis en vente… puisque disponibles en avril pour le second tome et en juin pour le dernier… Elle écrit drôlement vite cette Katherine Pancol…

Autour de cette histoire sombre, gravitent donc les personnages de la première trilogie dont on a un peu de mal à comprendre la raison de leur présence dans cette nouvelle trilogie. Un peu comme si Harry Potter venait truster les aventures de Cormoran Strike le nouveau héros de J.K. Rowling…

Dire que le livre de Pancol est mal écrit serait faux, tout simplement faux. Dire que c’est un roman passionnant serait tout autant exagéré. Il se laisse lire, agréablement, certes… Mais, se laissera-t-il tout aussi agréablement lire durant trois tomes ? Que viennent foutre ces personnages satellites issus des romans précédents dans l’histoire qu’ils parasitent plus qu’ils ne servent ? Est-on obligé, de nos jours, pour parler de sujets douloureux comme celui des femmes battues, de systématiquement tenter d’y associer un message cul-cul à la Paulo Coelho ? Quand il y a de la vie, tout espoir est permis… La vie est une leçon qu’il faut apprendre… Après l’enfer, la résurrection… Au bout du tunnel se trouve la lumière… Certes, certes, allez entendre ça, entre deux coups de pieds dans les gencives, trois autres dans le foie et trois côtes cassées… Quoi de neuf, doc ?