MONSIEUR CAUCHEMARS
10/02/17 20:08 Classé dans :
ThrillerUn nouveau Stephen King remplit immanquablement le tiroir caisse de son éditeur. Mais quand il s'agit en plus de la suite de l'un de ses romans les plus lus dans le monde, alors là, c'est champagne !
Le New-York Times évoque les freins qui se sont placés dans l'élan créatif de Stephen King lorsque la décision d'écrire la suite de The Shining — best-seller sorti en 1977 et adapté au cinéma par Stanley Kubrick — fut prise. En premier lieu, S. King a écrit The Shining dans une période difficile durant laquelle il a englouti des litres d'alcool, addiction qui a probablement sévèrement influencé l'histoire effrayante que l'on sait. Comment alors écrire la suite d'un livre écrit dans les brumes d'une pensée alcoolisées vibrant sans l'aide de la volonté et du fil de la pensée ?
Autre doute important pour King, jauger le souvenir laissé par le film de Kubrick qu'il considère comme une adaptation non fidèle au roman. Mais qu'a retenu véritablement le public ? L'histoire exacte de son roman ou bien l'exceptionnelle interprétation de Nicholson dans le rôle principal de Jack Torrance ?
Enfin, Stephen King sait que les suites sont rarement à la hauteur de l'original et sans doute a-t-il hésité avant de se lancer dans cette entreprise périlleuse. Cependant, alors que Jack Torrance est mort dans le premier tome, son fils est quant à lui bien vivant et il s'est présenté immédiatement à l'auteur comme le personnage clé de la suite.
On retrouve le petit Danny aux prises avec son don lui permettant de voir les morts, nous sommes en 1981 et le petit orphelin — de père en tout cas — panique suite à sa confrontation avec un mort-vivant rencontré trois ans plus tôt au sein de l’hôtel l'Overlook. Heureusement, l'ancien cuisinier de l'hôtel Dick Hallorann, comme il le faisait déjà dans The Shining, conseille l'enfant en lui donnant la solution pour écarter les revenants. En effet, suite à ses conseils avisés, Danny devient capable d'enfermer les morts, et ses terreurs avec, dans une boite psychique. C'est donc là, pour S. King, l'occasion de montrer sa désapprobation du scénario de Kubrick dans lequel le personnage de Dick Hallorann ne survit pas aux coups de haches de Jack Nicholson...
On retrouve le petit Dan très vite dans le roman, devenu adulte et — comme l'était son père avant lui — alcoolique. Suite à un drame lié à l'alcool au cours duquel un enfant perdra la vie, il se retrouve au sein d'un hôpital où grâce à ses dons il soulage les malades en soins palliatifs... De nouveaux personnages viennent alors agrémenter l'histoire, l'une axée sur le mal, Rose, et l 'autre sur le bien, Abra. Lorsque ces trois personnages se rencontrent, ils sont capables d'intégrer les pensées des uns et des autres au travers de la vapeur, autre élément essentiel du livre, élément terrifiant, bouleversant, élément Kingifiant...
Ce qui reste frappant chez Stephen King, c'est sa capacité à pouvoir — et ce dès le second chapitre — captiver, agresser, angoisser son lecteur avec une célérité de génie. En effet, je m'étais demandé s'il n'était pas temps pour l'auteur de prendre une retraite méritée, mais il faut reconnaître ce qui est, Stephen King n'en est pas arrivé là par hasard. Il reste le roi et ce nouvel opus est un joyau du genre et déjà, sans doute, un modèle pour une nouvelle génération d'auteurs. Une petite anecdote en passant, Stephen King fait un clin d’œil à son fils Joe Hill en laissant trainer une référence sur son livre NOS4A2 à propos des abus sexuels vécus par le petit Dan, enfant. Si je peux vous donner un conseil d'ami, lisez ou relisez The Shining — comme je l'ai fait — avant de vous plonger dans la lecture de ce tome 2 et vous entrerez dans un monde effrayant, mais ô combien plaisant. Chapeau bas Monsieur King et que vive le Roi...
Tags: Stephen King, The shining, Doctor Sleep