J'AI LES VICES DE MON AGE
10/02/17 20:52 Classé dans :
BDLorsque j'ai eu entre les mains son album, L'école des biches, le trait me parut familier, il me semblait avoir croisé les personnages barrés de la BD, sans savoir où. Pourtant, j'étais certain de ne jamais avoir ouvert ce livre avant. En effet, Georges Lévis est en fait Jean Sidobre, plus connu pour avoir dessiné les aventures de Mademoiselle Caroline ou du Club des cinq que je lisais enfant... Damned !

Un cas, vraiment ce Georges Lévis !
De deux choses l'une. Ou bien Jean Sidobre en a eu ras le pompon de dessiner des petites filles et des dessins pour l'enfance et il s'est joyeusement défoulé sur ces albums érotiques sous le pseudonyme de Lévis — pour G.Lévis demonnage — ou bien il possédait certainement quelques penchants pas très comme il faut... Car, nous n'allons pas y aller par quatre chemins, Les petites filles modèles ou Dodo, treize ans sont deux bandes dessinées qui ne pourraient voir le jour aujourd'hui. En effet, à la lecture de ces ouvrages, on se dit que le monde a changé. Cependant, à la décharge de Sidobre, quelques clichés de la même époque signés d'un certain David Hamilton auraient bien du mal à trouver un éditeur de nos jours (Article écrit avant le suicide du photographe)… De plus, il n'est pas le seul dessinateur pour la jeunesse a s'être dirigé vers cet érotisme un peu limite. Citons entre autres Colber, passé de son Tim l'audace à la très délurée collégienne Cléo. Plus récemment, une polémique a d'ailleurs éclaté — parfaitement stérile — sur la couverture de Martine au zoo de Marcel Marlier qui s'est vu soupçonné, post mortem, d'avoir des penchants pédophiles pour avoir dessiné à Martine une robe un peu trop courte. Honnêtement, je n'y ai jamais rien vu d'autre, pour ma part, qu'une petite fille donnant des cacahuètes à un éléphant. Depuis, la couverture a été modifiée et Martine, toujours court vêtue, montre moins sa culotte en donnant à manger à l'éléphant... À chaque époque ses curiosités et ses excès !

Dans Les petites filles modèles, inspiré directement de l'œuvre de la Comtesse de Ségur, l'action se déroule dans un pensionnat où le stupre règne en maitre et après avoir éduqué ses filles (jeunes, très jeunes) à l'art de la fellation, une jeune femme s'envoie en l'air avec la tenancière pendant que le jardinier court après une autre donzelle âgée d'une dizaine d'années, avant d'en sodomiser une autre de quinze ans sous le pommier du parc... Cette dernière initiant à la fin la petite dans son lit...
Précisons quand même que le scénario n'est pas de Sidobre, mais de Francis Leroy, son complice.
Dans Dodo, treize ans, paru à l'origine dans L'écho des savanes, l'histoire se passe sous la seconde guerre mondiale et narre les péripéties sexuelles d'une jeune fille de treize ans dans un bordel, ça ne vous rappelle pas un film ? Le livre étant nettement moins dérangeant que le pastiche de Ségur étant donné que la petite Dodo semble avoir vingt ans bien passés...
L'école des biches, quant à elle, est l'adaptation plutôt réussie d'un roman du XIXe siècle d’Ernest Baroche. Il y est question de l'éducation sexuelle d'une jeune fille par sa cousine plus âgée. Des délices de Sapho à ceux plus rudes prodigués par Adrien, peintre séduisant et bien entendu libertin en passant par la bonne de service, la petite Marie devient, peu à peu, de plus en plus experte... en tout !
Liz et Beth sont adultes et ont passé largement l'adolescence... ouf ! L'une est mariée et l'autre divorcée et ce qui les rapproche énormément — le mot est bien choisi — est un appétit gargantuesque pour la chose libertine. Là encore, les positions de toutes sortes et les exhibitions vont bon train dans un dessin comme toujours réussi et particulièrement attirant.
Soyons clairs, ces albums valent surtout pour le dessin parfait et novateur — pour l'époque — de Jean Sidobre. Les histoires isolées des illustrations ne vaudraient pas tripette. Mais le talent indéniable de ce démon d'homme rend le tout classieux, présenté dans un écrin chiadé et vraiment plaisant.

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