INTERIEUR NOIR

La musique est un cri qui vient de l'intérieur et à l'intérieur, il peut souvent y faire noir... très noir... Munissez vous donc d'une puissante lampe torche avant de descendre dans les bas-fonds d'un dialogue très désaccordé...
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La musique est un cri qui vient de l'intérieur et à l'intérieur, il peut souvent y faire noir... très noir...
Munissez vous donc d'une puissante lampe torche avant de descendre dans les bas-fonds d'un dialogue très désaccordé...
Christophe Martel

Le livre échange entre Eric Naulleau et Alain Soral se lit vite et laisse un profond sentiment de malaise. Conçu comme un dialogue — d'où son titre
Dialogues désaccordés —, les passes d'armes qu'on aurait souhaité plus nombreuses ne convainquent pas toujours et la bête noire — sans jeu de mot —, Soral, est rarement inquiétée et jamais mise à terre. On se rappellera du duel de Le Pen contre Bernard Tapie en juin 1994 durant lequel l'escroc Tapie avait mené la vie dure au fondateur du Front National. Le débat était équilibré puisqu'il mettait alors en scène deux voyous utilisant et manipulant les mêmes armes. Ce n'est pas le cas ici, et au fil des pages, s'il s'agit d'un combat, on se rend très vite compte que ce sont deux chiens qui s'aboient dessus  : un Pittbull et un Chihuahua...

Les sujets sont variés et les premières pages tirent à boulets rouges sur
DSKDominique Strauss-Khan, pour ceux qui auraient quitté la planète ces dix dernières années... — dont Naulleau pose la question à Soral de savoir s'il était un dragueur ou un homme à femmes. Réponse toute bleutée et fleurie du second  : DSK n'est pas un dragueur, son univers est la boite à partouze et la pute et il le compare très vite à O.J.  Simpson ou Oscar Pistorius... Avant de glisser sur Iacoub — l'auteure de Belle et bête dans lequel elle raconte sa liaison avec DSK — dont il précise illico les origines juives et le caractère — selon lui — lesbien, son nez refait, cherchant à compenser son manque de phallus en se payant DSK sur la place publique...

Disons-le tout de suite, il ne faut pas être venu chercher dans les pages de ce livre une réflexion poussée, les réponses de Soral sont très souvent de ce tonneau-là, plus proche de l'insulte que de l'art dialectique. De pages en pages, on comprend le monde de Soral, un monde de haine dans lequel le bruit des bottes parasitent en permanence la lecture. Salman Rushdie n'a pas été victime d'une fatwa, mais l'a montée de toute pièce en bon
suceur de sionistes — en Français de le texte... —.

Les thèmes invitent parfois cependant à adhérer aux avis des deux protagonistes — ou du moins à certains d'entre eux —, c'est le cas pour l'échange sur les critiques de livres qui sont devenus des pions sur l'échiquier des grands médias. Adieu les grands penseurs de l'intelligentsia française tels Jean-Paul Sartre ou Raymond Aron pour Naulleau et Jean-Edern Hallier pour Soral. Nous avions déjà évoqué dans les pages de
French-Ebook ce que nous pensions de la disparition d'émissions telles que Apostrophes ou Droit de réponse.

Puis, rapidement
Soral revient faire ce pour quoi il est là, présent, aboyant... Le voilà donc se lancer à crocs ouverts sur Anne Sinclair. Il commence son échange avec cette phrase toute en finesse  : madame Rosenberg (le vrai nom pas du tout catholique  de  Madame  Sinclair). En plus de cet «  humour  » nazillon de bas étage, on remarquera ici qu'il est doublé d'une malhonnêteté qui consiste à laisser croire que Anne Sinclair aurait choisi un pseudonyme plus catholique comme il l'entend. Or, il n'en est rien puisque si elle est effectivement la fille de Micheline Nanette Rosenberg, elle même la fille du célèbre marchand d'art Paul Rosenberg, il est tout à fait normal qu'elle porte le nom de son père, Joseph-Robert Schwartz ayant opté pour son nom de résistant Sinclair en 1949. Soral se lance ensuite dans une longue analyse de la gauche envahie par les juifs qui selon lui fomentent un complot pour envahir la France chrétienne en trompant les jeunes et les femmes en se lançant dans des prises de position branchées tels que le mariage pour tous, cherchant par là-même à saper les fondements de la société traditionnelle... Heu... Rappelons encore que la loi sur le mariage pour tous n'a pas été spécialement accueillie les bras ouverts par la communauté religieuse juive, comme en témoigne notamment le site Jforum qui précise entre autre protestations que Le Grand Rabbin de France a été reçu jeudi 27 septembre 2012 par Madame la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Cet entretien avait pour objet d’exposer les réserves argumentées du Grand Rabbin de France et de ses conseillers, face à cette évolution jugée dangereuse pour la société.L'argument de Soral ne tient évidemment pas plus qu'un mauvais ragot... et pourtant pas de reprise de Naulleau qui se contente de dire qu'il y reviendra plus tard...

Quant à propos du mariage pour tous, le journaliste reconnaît ne pas avoir entendu d'arguments valables pour s'y opposer objectivement, alors
Soral exulte, il attend visiblement le sujet depuis le début pour balancer son fiel teinté de naïvetés crôassées habituellement au détour d'un bénitier  :  «  Le mariage est une institution historique à dimension sacrée...  », devant Dieu d'abord, perpétuation de l'espèce... Patrimoine génétique... Sauf que le mariage en question dans ce débat n'est pas religieux, mais précisément laïque et par essence même se doit donc de se démarquer de la religion et ce depuis le 9 décembre 1905 — loi de séparation des églises et de l'état inspirée, il est vrai, par les francs-maçons qu'il abhorre tant —. Bref Soral est prêt à sortir la guillotine dans ce qu'il considère être une déclaration de guerre des invertis... Contré gentiment — trop  ? — par Naulleau, alors il se déchaine littéralement, oubliant ses citations qu'il n'hésite pas à asséner ici ou là afin de rendre son propos pseudo-intellectuel. Fini les bons mots, les tournures ampoulées, Soral revient à ses fondamentaux  :
    Puis après avoir cité Pierre Bergé, Jack Lang et Yves Saint Laurent au sujet du parallèle qu'il croit utile de faire entre homosexualité et pédophilie, il poursuit finement  :
      Plus loin que les insultes dont il faut s’accommoder tout au long de la lecture de ces échanges, une question doit alors être immédiatement posée. Soral s'indigne du mariage pour tous en soulignant qu'il s'agit d'une loi pour les minorités alors que rien n'est fait pour la majorité... Ce qui s'entend... Cependant, à l'entendre parler des pédés comme il le fait, il faut croire qu'il s'agit-là pour lui d'une question majeure, voire obsédante... Freud, qu'il cite d'ailleurs en renfort de sa pensée — a-t-il oublié les origines juives du père de la psychanalyse  ? Qu'il n'a probablement jamais lu d'ailleurs tant il est l'exacte prototype de ce qu'il déteste chez l'être humain — Freud, donc, aurait sans doute conclu à un refoulé patent allié à une psychose obsessionnelle... À trop voir des pédés partout...

      Enfin, il arrive tout de même à Naulleau de tenter une morsure ici ou là et une de ses tentatives invoque les attaches de Soral avec les travaux de Faurisson, Ernst Zündel, Horst Mahler...
      Pour mémoire — sinistre — voici les définitions des personnages sur Wikipedia  :

      Horst Mahler est un avocat allemand connu pour avoir été membre fondateur de l'organisation révolutionnaire Fraction armée rouge dans les années 1970, puis pour ses positions néo-nazies et négationnistes.

      Ernst Christof Friedrich Zündel est un éditeur néonazi allemand. Il a vécu durant plusieurs décennies au Canada, où il a publié des pamphlets antisémites et négationnistes.

      Robert Faurisson, né le 25 janvier 1929, est un militant négationniste français réputé antisémite et proche de l'extrême droite ainsi que des mouvances néonazies.

      Soral répond par une pirouette, mettant en exergue la loi Gayssot et son article 9, qui qualifie de délit la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité, tels que définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg. En d'autres termes, la loi considère comme un délit le négationnisme. Ce à quoi répond Soral en qualifiant les vrais historiens — selon lui — de révisionnistes par essence et les autres d'imbéciles et de lâches... Naulleau a beau faire et beau dire, Soral se planque en permanence derrière la loi Gayssot pour ne pas avoir à dire ce qu'il pense des chambres à gaz et de la shoah. Habile manière d'asséner ainsi son statut de révisionniste sans en révéler les sombres fondements. L'histoire de la seconde guerre mondiale est bafouée, emplie de ragots et de mensonges éhontés, mais il n'en peut rien dire puisque la loi l'en empêche... Tous juste avance-t-il avec beaucoup de grâce concernant le mensonge mondial sur la shoah  :
      - Tous savent très bien que ce dossier pue la merde et qu’il ne tient que par la terreur morale et judiciaire…

      Bref, j'ai envie de dire bref, ou pour être encore plus précis, stop  !

      Il règne dans ces échanges un parfum presque indescriptible de haine basique, tout imprégnée de premier degré sans esquisse du moindre argument néo-intelligent. Soral vomit sa haine d'à peu près tout et Naulleau ne parvient pas à lui faire fermer son robinet excrémentiel car il n'a pas — lui — de raison de détester à ce point le monde qui l'entoure. On peut être contre ou pour les idées avancées par Soral, mais ses insultes incessantes rendent son discours inaudible. Pêle-mêle, on peut citer le gâteux Hessel, de Gaulle, autre imbécile antisémite, l’antisémitisme de Georges Simenon, Hannah Arendt — du psychologisme de bonne femme —, Voltaire un antisémitisme carabiné dont reste la malhonnêteté bourgeoise, Mélenchon la truelle, Fabius — le vampire du Quai d'Orsay —, etc...

      Au bout du compte, rares sont ceux qui ont grâce aux yeux du grand penseur Soral, citons Voltaire et Soral... Car, il est un fait absolu, Soral a la plus haute opinion de lui même... Jugeons-en  :



          Et il est un autre fait qu'il me faut confesser, depuis le début de la lecture de ces échanges, je suis pris d'un mal de ventre épouvantable que je pensais consécutif à la nausée alors qu'il s'agit en fait d'une franche rigolade qui m'est passée complètement inaperçue à la lecture de ce gai-luron de
          Soral... Nous sommes bien peu de chose...

          À propos de gai-luron,
          Soral vient de sortir un DVD Initiation à la boxe française  : La leçon du père Soral, dont la couverture utilise le personnage de Gotlib  : Superdupont... Nous reproduisons ci-dessous la réponse de Yan Lindingre, Rédacteur en Chef de Fluide Glacial.

          «
          Cher Monsieur Soral, en utilisant sans l'accord de Fluide Glacial l'image de Superdupont vous oubliez trois choses : 1. Tant que nous sommes encore en démocratie, vous vous devez de respecter la loi. En l'espèce, ne pas pomper sauvagement les créations protégées par des copyrights. 2. Superdupont, c'est de l'humour, du second degré. L'Antifrance, c'est de la blague, c'est pour rire. C'est comme "Hitler=SS" de Vuillemin et Gourio ou "le Dictateur" de Chaplin. Faut pas prendre ça au pied de la lettre. Superdupont cogne sur les étrangers, mais Superdupont… c'est con, n'est-ce pas. 3. Dans votre monde idéal Superdupont n'existerait pas puisque, pour des raisons qui vous appartiennent, vous auriez envoyé à la chambre à gaz son créateur, Marcel Gotlib. De même que vos aînés chéris y ont envoyé son papa. Je n'ai pas envie de vous faire un procès, parce que je n'ai pas envie de vous faire de la publicité, à vous et à votre bande de nervis. Alors de grâce, virez Superdupont de la jaquette de vos leçons audiovisuelles de ratonnades. Yan Lindingre Rédacteur en Chef de Fluide Glacial »
          No comment...